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Le site présente des centaines de cartes postales anciennes et photos d'époque accompagnées de leurs légendes originales et, quand c'est possible, de commentaires sur leur contexte historique ou de références littéraires sur le sujet. Vous pouvez contribuer à l'enrichissement du site en communiquant des images, des données historiques ou des connaissances vécues ou transmises.

Rangs de tirailleurs - poto colorisée

212 000 Africains, de toute l’AOF, prirent part en tant que tirailleurs sénégalais aux hostilités de la Grande guerre, dont 165 000 sur le sol métropolitain. 30 000 furent tués. Le corps des tirailleurs sénégalais avait été créé en 1857 par Louis Faidherbe, alors gouverneur général de l’AOF, pour palier, en cette époque de conquête coloniale, le déficit de troupes venant de Métropole. Initialement composée d’esclaves rachetés à leurs maîtres africains et affranchis, et de volontaires issus des élites locales, les régiments de tirailleurs sénégalais s’apparentent à des troupes mercenaires. Mais la mobilisation de tous les Africains de plus de 18 ans décidée en 1915, et l’engagement pour défendre la Nation vont en faire un corps d’engagés et de conscrits des plus légitimes. 17 régiments de tirailleurs sénégalais participent à la bataille de la Somme, subissant d’importantes pertes qui vaudront au Général Mangin, par ailleurs promoteur des troupes africaines, le surnom de « boucher des noirs ». - Cette carte postale fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.

Un Chasseur Coniagui

 

Dans les sociétés africaines rurales, la chasse est une activité traditionnelle importante. Elle procure des ressources alimentaires précieuses à la communauté. Pour les hommes, elle constitue aussi un cadre symbolique central, dans la construction sociale du groupe et dans le rôle et la place des individus. Mais en plus, elle devient à compter du XIXe siècle une composante économique nouvelle. Elle permet de commercer avec les comptoirs européens installés sur le continent pour alimenter la forte demande mondiale d’ivoire. La consommation de ce matériau - et particulièrement celui aisé à travailler des éléphants d’Afrique – explose en effet. Faute de matières plastiques, qui ne se banaliseront qu’après le tournant du XXe siècle, l’ivoire répond à des besoins nouveaux en rapport avec la modernité. Il permet notamment de fabriquer les boules de billard à une époque où ce jeu se démocratise. Il est aussi utilisé pour les touches de piano, tandis que la demande s’envole en Occident et en Asie. La pratique de cet instrument est entrée dans le programme des écoles normales japonaises et sa présence se répand dans de nombreux foyers aisés. De fait, la pression sur la faune des pachydermes africains s’accroit tant, que la ressource commence à décliner fortement dès avant la première guerre mondiale. Les chiffres d’exportation d’ivoire, enregistrés par les services de  douane de Guinée française en témoignent.

Togo - Beim Kochen (pendant la cuisson)

 

Cette carte postale, représentant une scène de cuisine dans le sud du Togo au tout début du XXe siècle, est intéressante à plusieurs titres. Elle témoigne en effet de ruptures et de continuités historiques et sociales. Ainsi, elle est issue d’une édition allemande, comme en témoigne la légende, et a donc été prise et publiée avant la première guerre mondiale. Pourtant, elle a été affranchie par un timbre français, donc expédiée après la prise de cette colonie allemande par les forces britannique et française en 1914, événement inaugural de la perte par l’Allemagne de tout son empire colonial. La scène elle-même raconte une vie encore organisée autour de productions locales. Les récipients de terre et de chaudronnerie traditionnelle, les ustensiles de bois et les bijoux sont de fabrications artisanales. Les textiles et la caisse servant de siège à la jeune cuisinière sont déjà des objets importés d’Europe. Aujourd’hui, ils seraient pour la plupart remplacés par des productions industrielles asiatiques. Même certains ingrédients seraient des produits d’importation, comme le bouillon en cube et le concentré de tomate, voire la viande surgelée. Seuls le lieu privilégié pour préparer le repas, la cour de la maison, et la cheville ouvrière de cette opération, une enfant vraisemblablement employée comme domestique, resteraient intangibles.  

 

 

Ecole des enfants de troupe des Tirailleurs indignées

Cette image illustre l’initiative de l’armée française pour former des cadres locaux au début de l’époque coloniale en Afrique occidentale. Elle semble mise en scène, tant les élèves sont peu nombreux, d’âge très varié et les installations inexistantes ; ça ne ressemble pas vraiment à une école structurée et très fonctionnelle. D’ailleurs le cliché est signé du photographe dakarois Edmond Fortier, fin connaisseur des scènes animées. On a peut être choisi symboliquement la première école militaire fondée sur au Soudan français en 1884 –alors Haut-Sénégal-, au poste militaire de Kita, non loin de Kayes… De fait dès la création du corps des tirailleurs sénégalais en 1857, le Général Faidherbe, son promoteur, entend utiliser l’éducation pour renforcer l’attachement des élites locales au projet colonial et pour constituer un encadrement africain intermédiaire lettré. Ainsi, les enfants des chefs traditionnels sont accueillis sur les bancs d’établissements dédiés – à Saint-Louis, à Bingerville- puis le dispositif est étendu aux enfants de tirailleurs. Mais en réalité il reste longtemps confidentiel, circonscrit à une infime fraction de la population générale et même de celles des enfants de tirailleurs et de chefs. Il faut attendre l’après seconde guerre mondiale pour voir l’effort éducatif –militaire comme civil- significativement renforcé en AOF. Des écoles de troupe, des prytanées sont crées dans la région, dont la plupart fonctionnent encore, même si le but initial de former les futurs militaires gradés de l’armée semble parfois perdu de vue. L’image d’une entreprise coloniale civilisatrice, celle-là même portée par l’emblématique ministre de l’éducation de IIIe République Jules Ferry, doit être cependant évalué à l’aune de ces résultats : à l’indépendance des principaux pays d’Afrique de l’Ouest, moins de 4 % de la population était alphabétisé, et les armées resteront encore longtemps encadrées par des coopérants militaires français.

Grand Bassam, Marché et Station des bateaux de la Lagune.

Situé à l’interface entre l’océan et la lagune Ebrié, un des cordons côtiers qui longent une bonne partie du littoral, le site s’impose naturellement comme capitale dès la création de la colonie de Côte d’Ivoire en 1893. Il permet en effet d’organiser à la fois les échanges maritimes vers l’extérieur du continent et les communications vers l’intérieur du pays. Un réseau lagunaire et fluvial relie les principales agglomérations du sud du pays et les cours d’eau servant à l’époque de voie de communication vers le nord, faute de pistes. Au départ, les transbordements depuis ou vers les navires en mer sont assez périlleux. La côte d’Afrique de l’Ouest est en effet exposée à un système de vagues et de courants très violents, appelé « la barre ». Des piroguiers audacieux se sont spécialisés dans son franchissement, mais l’opération reste risquée pour les marchandises comme pour les passagers. A la toute fin du XIXe siècle, Grand-Bassam est dotée d’un wharf, sorte de ponton érigé de la plage vers l’océan, permettant de charger et décharger les navires de l’autre au-delà de la barre. Malgré ses atouts et ses équipements, le développement de la ville est stoppé par une épidémie de fièvre jaune meurtrière en 1899 – 45 des 60 Européens résidents y laissent la vie – et la capitale est transférée dans une localité située de l’autre côté de la lagune, baptisée Bingerville - en hommage au premier gouverneur de la colonie de Côte d’Ivoire, Louis-Gustave Binger. Ce cliché fait partie de l’important fond constitué par le photographe dakarois Edmond Fortier. Il se rendit en Côte d’Ivoire en 1908, accompagnant le voyage officiel du ministre des colonies du premier gouvernement Clémenceau, Raphaël Milliès-Lacroix. 

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